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Art thérapie et Expression créatrice

Aux Ateliers de l’Insu, nous nommons  » expression créatrice  » ce qui est recherché dans les ateliers que nous animons. Or, aujourd’hui la dénomination « art-thérapie »  apparaît comme une bannière à arborer pour être reconnus. A plusieurs titres, cette dénomination nous semble problématique pour définir notre pratique.

L’art

Un atelier d’expression créatrice ne vise à aucun moment à faire de l’art ou à construire une œuvre. Ce qui émerge dans les ateliers, nous préférons le situer comme pro-duction, c’est-à-dire comme une direction de sens (duction) qui s’ouvre au-devant de soi (pro). Il s’agit pour nous d’une mise en mouvement singulière vers quelque chose auquel un participant, une fois sorti de l’atelier, pourra donner de multiples prolongements. Il ne s’agit ici ni de faire « bien », ni de produire du « beau ». L’accès à l’expression se doit d’être le plus aisé et le moins technique possible pour espérer que celle-ci puisse être créatrice de quelque chose de neuf.

La thérapie

Un atelier d’expression créatrice ne recherche pas non plus un effet thérapeutique. Si certains ateliers peuvent avoir une visée thérapeutique, c’est avant tout pour soutenir l’émergence de la singularité de chacun. Ce dont prendra soin l’animateur avant tout, ce sera du cadre de son atelier et des conditions d’émergence de l’expression.

A chaque participant reviendra le soin de choisir dans ce qui émerge à son insu, et pas toujours là où il s’y serait attendu, ce qui sera susceptible de le relancer, de le transformer. Des effets thérapeutiques, toujours singuliers, ne peuvent avoir lieu que de surcroît. Orientés par une intention artistique et esthétique ou par une intention thérapeutique, les effets créateurs de l’expression risquent d’être mis en péril.

Les savoirs

Les savoirs de l’art et de la thérapie sont pour nous de l’ordre des encombrants dont il faut bien toute une formation pour se défaire. Cette défaite permet d’ouvrir une éthique de l’animation qui donne à  » l’insu  » (littéralement « qui échappe à sa propre attention ») une place déterminante. Pour rester créatrice, une telle éthique demande un questionnement permanent sur les rapports qu’entretient l’expression avec l’art et la thérapie.

L’insu

Cette place donnée à l’insu n’est pas une mise à l’écart des savoirs, mais une mise en mouvement de ceux-ci.
Organisés en « association », les Ateliers de l’Insu abritent des groupes de réflexion qui, par leurs questionnements, soutiennent la place de l’insu au sein des ateliers, condition indispensable pour rendre l’expression créatrice.

« Il ne faut jamais oublier que jouer est une thérapie en soi »
WINNICOTT D.W., Jeu et réalité, Paris, 1971, Gallimard, p. 71